Simone Weil : Parcours d’une vie et d’une œuvre
En mars, les étudiants du Studium de Notre-Dame de Vie ont bénéficié de l’enseignement d’Emmanuel Gabellieri, professeur émerite de philosophie à l’université catholique de Lyon , sur la figure de la philosophe Simone Weil, à laquelle il a consacré plusieurs livres. Un éclairage approfondi sur son parcours et son œuvre, où elle s’efforça de rechercher les convergences des différentes traditions philosophiques.
Dans les études que nous menons au Studium, l’acquisition du contenu théorique du corpus académique, s’inscrit plus fondamentalement à l’intérieur d’une démarche de recherche de la Vérité, cette dernière étant entendue premièrement au sens paulinien de « connaissance du Christ Jésus ».
Dans cette démarche, plus encore que de professeurs ou de théologiens, avons-nous sans doute encore davantage besoin de « maîtres ». Soit d’enseignants témoins d’un enseignement qu’ils incarnent dans une unité, une cohérence de vie, signe de l’authenticité de leur quête de Vérité, inséparable de celle de Dieu.
Simone Weil est incontestablement de cette race.
Une authentique philosophe. Au sens plein, originel du terme. Toute entière possédée par l’amour de la vérité, Simone Weil n’aura de cesse de la rechercher et de poursuivre la sagesse, en ayant toujours le souci de conformer son agir à ses convictions – jusqu’à la radicalité – dans une intégrité de vie capable de conférer tout son sens à l’existence. !
Et de fait, la vie de Simone Weil fut d’une rare intensité : celle d’un météore illuminant la nuit de son époque troublée, puisque, née en 1909 et décédée en 1943 à Londres, son histoire personnelle fut entièrement marquée par les deux Guerres mondiales…
Femme, juive et philosophe, elle fut l’une des premières agrégées de France et ne laisse pas de surprendre : quiconque connaît sa biographie ne peut manquer d’être bouleversé tant par la fulgurance de son parcours intellectuel, que par les différents choix radicaux qui ont balisé celui de son existence. En effet, depuis sa participation à la guerre d’Espagne où elle découvrit la barbarie des guerres idéologiques, en passant par son engagement à l’usine où elle communia volontairement au malheur de la condition ouvrière, jusqu’à son projet d’« infirmières de première ligne » pour lequel elle accepta de quitter la résistance française pour rejoindre la France libre à Londres… pour ne citer que ceux-là… il apparaît chaque fois qu’elle était prête à payer de sa vie en raison de son engagement pour la justice et la vérité !
Autre fait étonnant : nous savons qu’elle fut d’abord athée, révolutionnaire d’extrême gauche, puis chrétienne convertie au catholicisme, et qu’elle refusa pourtant jusque juste avant sa mort d’être baptisée, ceci par souci d’intégrité ! Absurde me direz-vous ? Pas tant que cela : c’est l’exclusivisme de l’Église d’alors, qu’elle considérait comme une limitation inacceptable de la « catholicité » de celle-ci, qui lui faisait principalement obstacle... Une intuition qui se retrouvera dans le souci du concile Vatican II d’étendre le sens du mot Église à une réalité plus englobante que la seule Église institutionnelle visible… l’Esprit soufflant où il veut… Malgré cela, il n’en demeure pas moins que les écrits de Simone Weil, ouvertement chrétiens, paraissent animés d’un souffle que l’on pourrait qualifier de prophétique (même ceux d’avant sa conversion !), et développent indubitablement de puissantes intuitions touchant à des domaines aussi divers que ceux de la philosophie politique, des religions, du travail, comme à ceux de la théologie, de la mystique, ou encore de la métaphysique…
Fr. Raphaël
Séminariste du Studium de Notre-Dame de Vie