Session : Sainte Thérèse d'Avila : le Chemin de perfection
Chaque année, les étudiants du Studium peuvent se laisser enseigner par Thérèse d’Avila en relisant une de ses œuvres majeures. Cette année, la session proposée par le Père Jean-Marie Laurier était une reprise du chemin de perfection.
Faut-il, comme le font certains lecteurs de l’ouvrage, reprocher à la Madre d’être théocentrée au point d’en minimiser la charité fraternelle ?
Au contraire, la session a permis de mettre en lumière le caractère essentiellement synodal du chemin de perfection et cela apparait dès la genèse de l’ouvrage. En effet, depuis l’intention de l’auteur où Thérèse de Jésus répond à une demande de ses sœurs, jusqu’aux allers-retours avec les censeurs de l’Inquisition : tout l’ouvrage est conçu et orienté vers le dialogue et la vie ecclésiale.
Un deuxième point permet aussi de saisir l’actualité de l’ouvrage : en le lisant, le chrétien du XXIème siècle comprend peu à peu que la prière est essentiellement un service d’Église. C’est ce que le Père Jean-Marie Laurier souligne comme étant « L’horizon ecclésial de la prière », qui se décline en fruits pour l’Église : unité des chrétiens, sainteté et qualité de ses ministres, soutien aux prédicateurs de la vérité. La formule répétée de Thérèse permet de bien saisir son objet : « efforçons-nous d'être telles, que nos prières puissent aider ces serviteurs de Jésus-Christ » (Chapitre III). Elle nous rappelle ainsi que le but de la prière n’est aucunement de s’éloigner des malheurs du monde. Au contraire, il s’agit de porter devant Dieu les souffrances de nos frères. En résumé, la Madre nous propose trois points fondamentaux qui convergent, « Trois choses nécessaires, seulement » (chapitre IV, 3-4) : « amour des unes pour les autres, détachement de tout le créé, humilité, la dernière qui les embrasse toutes ». Le détachement du créé va de paire avec l’humilité comme détachement de soi, et ces deux détachements doivent permettre un allègement de la vie intérieure pour vivre une authentique charité. Cet amour fraternel jusqu’au pardon est d’ailleurs le critère ultime de l’amour pour Dieu (chapitre XXXVI).
L’Église du XXIème siècle n’est sans doute ni plus paisible ni moins pécheresse que celle du XVIème siècle. Prendre le chemin de perfection n’est pas seulement un exercice de lecture. Comme le rappelle le pape François : « Il faut se mettre en chemin, un chemin qui monte, qui exige effort, sacrifice, concentration, comme une excursion en montagne. Ces conditions sont également importantes pour le chemin synodal dans lequel nous nous sommes engagés, en tant qu’Église. Il nous sera bon de réfléchir sur cette relation qui existe entre l’ascèse de Carême et l’expérience synodale » (Message pour le Carême 2023)
Mlle Armelle de Moncuit, étudiante en 3ème année de Théologie