Session d'introduction au judaïsme
Cette semaine, a eu lieu la première session du cours d'introduction au judaïsme.
Au cours du mois de mars, les étudiants du Studium pouvaient suivre une session intitulée « Introduction au Judaïsme ». C’est le P. Michel REMAUD qui a assuré à distance la majeure partie du cours en collaboration avec P. François LESTANG et M. Edouard ROBBERECHTS interviendra en mai pour la deuxième partie du cours. Il s’agissait d’une présentation de la littérature rabbinique, illustrée par des exemples étudiés en cours.
Père Michel REMAUD | Père François LESTANG | M. Edouard ROBBERECHTS |
Au retour de l’Exil de Babylone, le prophète Esdras remet la Torah au centre de la vie du peuple (1), mais la pratique de l’hébreu s’est perdue, sauf chez une minorité. Le Judaïsme rabbinique nait dans ce contexte où les lettrés sont les traducteurs et les commentateurs de l’Ecriture. Si les termes « Targum » ou « Midrash » sont facilement rattachés au judaïsme, en revanche leur sens mérite souvent d’être précisé.
Le Targum est né à la synagogue : la lecture paraphrasée de l’Ecriture est la première forme de commentaire. Le genre targoumique met le texte à la portée du public en adaptant le récit pour le rendre plus compréhensible. Ainsi la mer Rouge est-elle décrite sous la forme de douze couloirs, pour que cela corresponde au nombre des Tribus. L’interprétation du texte cherche à répondre aux questions contemporaines en amplifiant ou développant si besoin les thèmes, pour permettre un meilleur accueil de la Torah. Quant au Midrash, cela désigne l’ensemble des commentaires juifs sur un livre ou une péricope biblique. Ce mode de commentaire se fait le plus souvent par des rapprochements avec d’autres passages. Le but de cette pratique est de faire venir au jour les significations cachées du texte. Les détails ne sont jamais insignifiants, au contraire il faut en extraire la signification.
Dans l’Ecriture elle-même, ces procédés d’analyse typiquement juifs ont permis aux intervenants de la session de mettre en relief différents thèmes récurrents comme l’épreuve, la vision ou la « tradition du collier » ; le personnage d’Isaac est une figure particulièrement riche : il préfigure le Christ, Agneau pascal. Ce parcours a aussi permis de mieux comprendre certaines allusions du Nouveau Testament comme l’image du Rocher, utilisée en 1 Co 10 : « un même rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ ! » Enfin, les participants ont cherché dans les Ecritures vétéro-testamentaires les traces du thème Johannique du Sang et de l’Eau. Sur le même mode presque ludique s’est vécue une quête passionnante sur le rôle de la fille d’Asher. Il s’agit d’un des douze fils de Jacob mentionné dans l’Evangile de Luc (2) ! Plus largement, cette session a permis de bien saisir le contexte d’écriture de la Bible : l’Évangile s’enracine dans le monde juif du début de notre ère. Il est donc très important de bien connaitre ce contexte pour éclairer la lecture du Nouveau Testament. Enfin, l’enjeu théologique du dialogue judéo-chrétien a été évoqué d’une manière très directe claire, offrant une belle ouverture et un nouveau champ d’études.
(1) Livre de Néhémie, chap.8
(2) Luc 2, 36 : Anne, fille de Phanuel, est de sa Tribu.
Louis-Henri CHOUANE, Séminariste en 3ème année de baccalauréat