Vie liturgique et spirituelle, le lieu du combat spirituel et de l’Alliance
Guidés par le frère Patrick Prétot, o.s.b., spécialiste éprouvé dans ce vaste champ de la liturgie, les étudiants en licence de théologie spirituelle se sont plongés au cœur de ce sujet central et brûlant de la vie chrétienne. Cette double session s’est déroulée au mois de mars au Studium à Sainte Garde.
A la suite de l’appel vibrant de notre Pape François dans Desiderio desiderari, en faveur d’une formation liturgique sérieuse, cette session s’est déroulée autour de la question du discernement : comment la vie liturgique peut-elle être une formation spirituelle ? En effet, liturgie, réflexion théologique et recherche pastorale doivent toujours aller de pair. Car la liturgie est bien le lieu d’une conversion profonde : celle du passage d’un ‘je’ à un ‘nous ecclésial’ sans pour autant supprimer le ‘je’, mais en l’intégrant dans le Peuple de Dieu. En somme, la liturgie est la célébration actualisante de l’Alliance définitive de Dieu avec l’humanité toute entière dans la Pâques du Christ. C’est au cœur de ce mystère pascal que nous sommes formés spirituellement. La liturgie est comme le pain par lequel nous devenons des chrétiens et non pas, comme nous le voyons trop souvent, le lieu de la recherche de notre identité. Non qu’une solution univoque et toujours prête soit accessible ou possible, mais plutôt – et cela grâce aux échanges entre professeur et étudiants – un éventail de raisons profondes (en harmonie avec ce qu’est en vérité la liturgie), à travers un exercice de discernement nous mettent en mesure d’opérer un discernement dans ce domaine si délicat. Est-ce que véritablement la liturgie est le lieu où je peux vivre une rencontre authentique avec le Christ, avec des frères et des sœurs? Oui, la théologie dans toute sa rigueur et sa richesse objective est la partenaire indispensable afin que la vie profonde de l’Esprit Saint puisse être vécue dans cette Assemblée qui célèbre les louanges du Dieu Un et Trine :
« Effectivement, pour l’accomplissement de cette grande œuvre par laquelle Dieu est parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés, le Christ s’associe toujours l’Eglise, son Epouse bien-aimée, qui l’invoque comme son Seigneur et qui passe par lui pour rendre son culte au Père éternel. » (SC n°7)
C’est grâce au grand Mouvement Liturgique du XXème siècle que le rôle constant et permanent de l’Esprit Saint au cœur de la liturgie est revenu en surface. Par exemple dans la liturgie eucharistique où nous avions peut-être trop accentué la dimension mono-christologique et du même coup, et pas fait droit à sa dimension trinitaire profonde. Voici un exemple parmi beaucoup d’autres où les étudiants se sont interrogés sur leur manière de vivre de l’Esprit Saint à l’intérieur de la liturgie. D’ailleurs ne réduisons-nous pas trop souvent la présence du Christ à la seule présence réelle dans l’Eucharistie, négligeant ainsi la grande diversité de modes de présence du Christ dans la liturgie (cf. SC 7) et en particulier la présence du Christ dans la Parole de Dieu ?
Une référence constante à la Constitution sur la Liturgie de Vatican II, Sacrosanctum Concilium, a montré aux étudiants sa valeur actuelle et pas suffisamment accueillie. Un chantier de réception et d’actualisation de ce document-trésor a été proposé aux auditeurs de la session ! A plusieurs reprises et à travers l’analyse de plusieurs cas concrets de vie liturgique et spirituelle, le Professeur a su transmettre son ‘souci’ que nous soyons des veilleurs du trésor qu’est la liturgie. Ainsi non pas une fidélité au rétroviseur est visée, mais une fidélité tournée vers le futur ! La liturgie, plus exactement, les liturgies exigent dès les origines d’être inscrites dans la tradition vivante qui est témoin d’une continuité dans la discontinuité dans le souci de la faire fructifier.
Un autre point important pour notre recherche d’entrer dans l’intelligence de la liturgie en tant que source de vie spirituelle est l’importance de l’année liturgique dans sa totalité. Celle-ci a une fonction de régulation de la vie spirituelle : en particulier dans la question délicate de la dévotion et des révélations privées qui – à travers une réflexion basée sur un document du Cardinal Ratzinger écrit après la révélation du 3ème secret de Fatima – sont regardées et mises à leur juste place, c’est-à-dire comme une aide éventuelle – non contraignante – pour vivre la foi. A partir de notre parcours et notre sensibilité liturgique ainsi stimulée et mise en éveil, nous avons pu discerner quelques repères indispensables pour une vie liturgique digne de ce nom.
Un étudiant de Licence