Accompagner la vie jusqu’au bout

Retour sur une journée de réflexions et d’échanges au Studium le 12 avril 2025, en collaboration avec la pastorale de la santé du diocèse d'Avignon.

Nous nous sommes retrouvés pour une journée consacrée à l’accompagnement des personnes au soir de leur vie. Quatre interventions sont venues d'abord nourrir notre réflexion, chacune partant d’un point de vue spécifique : médical, philosophique, psychologique et biblique.

Le Dr Caroline Castanier (gériatre à l’hôpital d’Avignon) a ouvert la journée en présentant les différences entre vieillissement physiologique et vieillissement pathologique. Elle a détaillé les maladies et syndromes fréquents du grand âge, en insistant sur leur impact sur la vie quotidienne. Elle a souligné l'importance de la vigilance pour préserver l’autonomie.

Marine De La Tour, professeur de philosophie, nous a ensuite fait entrer dans une réflexion à partir de Romano Guardini, Paul Ricœur, et Christian Bobin avec La présence pure qui relate les visites de ce dernier à son père atteint de la maladie d’Alzheimer. Accompagner, c’est entrer dans un autre rythme, celui de la personne que l’on soutient. Elle a interrogé la relation entre identité et temporalité : comment habiter chaque âge de la vie avec sa vérité propre ? Il s’agit de ne pas voir l'enfance seulement comme une préparation, et la vieillesse seulement comme un déclin Une formule forte de Guardini, « l’efficacité du désintéressement », a été reprise plus tard dans la table ronde.

Jean-Guilhem Xerri, psychanalyste, a poursuivi en abordant le vieillissement dans ses enjeux relationnels, et en introduisant la notion de deuil blanc, ces deuils à vivre alors que la personne est encore présente, tant par la personne elle-même que par ses proches. Il a évoqué le deuil de la réciprocité de la relation telle qu’elle était auparavant, celui des capacités perdues. Il nous a proposé des clés pour garder la relation vivante et a souligné combien l’accompagnant devient un apprenant, façonné par le nouveau mode de cette relation.

Enfin, le père Jean-François Lefebvre, exégète, nous a invités à relire la vieillesse à la lumière des Écritures. Dans la Bible, l’Ancien est un sage, mais aussi un être vulnérable. Il est celui autour duquel se révèle la vérité des cœurs, et autour duquel ont lieu des réconciliations, comme celle des fils de Jacob qui se sont offerts comme esclave à la place de Benjamin pour éviter une tristesse qui aurait été fatale à leur père, et ont ainsi pu se réconcilier avec leur frère Joseph.

Dans une deuxième partie, des ateliers ont permis à chacun d’approfondir des enjeux concrets de cette phase de la vie : la relation avec les personnes atteintes de troubles cognitifs, les décisions médicales et éthiques à prendre, la juste place de chacun dans l’accompagnement, l’approche de la mort, la préparation du deuil… Les échanges ont été animés par des professionnels et bénévoles engagés : médecins, ergothérapeute, infirmiers, responsables pastoraux, bénévoles en soins palliatifs.

La journée s’est conclue par une table ronde où ont été notamment abordés les enjeux éthiques liés à la loi en réflexion sur l’euthanasie. les échanges ont remis au centre la question du don : don de soi, don de présence, don du temps, don que peut devenir toute vie jusqu’au bout, et qui est source de joie.

Un temps de prière puis l’eucharistie ont permis de confier au Seigneur toutes les personnes que chacun accompagne.



Anne-Cécile le Bihan