Les signes du Christ dans la chair
Le père José Granados a exposé aux étudiants de licence sa synthèse de haute volée entre théologie du corps dans la lignée de saint Jean-Paul II et théologie sacramentaire.
Du 13 au 16 mai dernier, le père José Granados a proposé aux étudiants de licence canonique du Studium de Notre-Dame de vie une session articulant la théologie des sacrements et la théologie de la chair. Un héritage de la pensée de saint Jean-Paul II qui n’a pas fini de montrer sa fécondité pour l’anthropologie théologique.
Professeur de dogmatique, ancien vice-président de l’Institut saint Jean Paul II pour les études sur le mariage et la famille (Rome) et supérieur général de l’Institut des Disciples des Cœurs de Jésus et Marie*, le Père Granados était déjà venu en février 2016 au Studium aux côtés des Pères Matthieu Rougé et José Noriega pour deux journées d’études sur « l’Église, minorité comme les autres ou minorités créatives ? ».
Comme il l’a présenté lui-même dans l’argument de son cours : « Notre époque montre un grand intérêt pour le corps comme lieu d’ouverture au mystère. Nous pouvons y voir une grande opportunité pour la foi chrétienne. Ce sont les sacrements qui témoignent de la capacité de la chair à véhiculer la grâce de Dieu (…) Comment pouvons-nous approfondir notre compréhension théologique des sacrements à partir de la vision contemporaine du corps ? »
A travers une analyse de la crise moderne de la corporalité, le P. Granados propose un regard sur les sacrements chrétiens pour « retrouver notre corps comme une place où l’on peut réellement habiter avec les autres. (…) Par le don de son corps, le Christ réouvre l’espace relationnel de notre corps et nous fait entrer dans son corps d’éternité »
Le P. Granados a ainsi longuement déployé sa réflexion sur « l’Eucharistie comme sacrement primordial » pour mieux faire apparaître comment tous les autres sacrements lui sont reliés. Il a insisté sur l’Eucharistie à la fois comme sacrifice sanglant de l’Agneau de Dieu et comme sacrifice d’action de grâce par anticipation pour la vie sauvée – ce que la liturgie hébraïque appelait sacrifice de Todah (Lev 7,11)
Une session intense et exigeante mais qui aura probablement rappelé aux familiers de Sainte Thérèse d’Avila l’insistance de cette dernière sur « la sainte humanité du Christ » pour notre salut. Un Christ Verbe de Dieu bel et bien incarné, qui déploie son action par son corps pour ouvrir nos corps à l’éternité de vie promise par le Père.
Alexandra Yannicopoulos Boulet - Etudiante en 2ème année de licence canonique
*Les minorités créatives, le ferment du christianisme (sous la direction d’Etienne Michelin) et Théologie de la chair. Le corps à la charnière de l’histoire du salut. Collection « Sorgues » du Studium édité par Parole et Silence. 2014