Un voyage d’études en Espagne sur les traces des saints du Carmel

 Les enjeux de ce voyage étaient multiples : il s’agissait avant tout de faire vivre aux étudiants un temps de formation sur le terrain, dans des domaines tels que la spiritualité, la théologie, l’histoire de l’Eglise, le dialogue inter-religieux ou encore l’architecture, et l’art. Pour les étudiants, l’enjeu était aussi de vivre un temps de ressourcement spirituel, par l’immersion dans le cadre de vie et l’histoire des grands saints du Siècle d’Or espagnole. 

 Au XVIème siècle en Europe, le contexte n’est pas des plus calmes : guerres de religions en Europe, Reconquista espagnole, découverte du Nouveau Monde aux Amériques... Le monde de ce temps est en pleine mutation : il change, se transforme, se réorganise : c’est bel et bien une “renaissance” qui s’opère ! Sur le plan ecclésial, c’est la période du Concile de Trente, de l’Inquisition, de la confrontation avec le protestantisme face auquel l’Église doit se positionner. « Le Monde est en feu » dira sainte Thérèse. Tous ces chamboulements, les saints espagnols de cette époque les ont vécus : ils étaient bien conscients des défis de leur temps et n’ont pas fui devant les adversités, les incompréhensions, les contrariétés de toute sorte qu’ils ont su supporter avec patience. 

   Notre voyage nous a permis de sillonner l’Espagne, en particulier la Castille. L’une des principales étapes de l’itinéraire était sans nul doute la ville d’Avila, où nous sommes arrivés de nuit. Nous avons pu contempler les majestueuses murailles éclairées entourant la ville, et le lendemain nous rendre sur les lieux mêmes où sainte Thérèse a été religieuse : le monastère de l’Incarnation, puis sa première fondation, le couvent de saint Joseph d’Avila. À Avila, nous avons visité le CITeS (Centro Internacional Teresiano Sanjuanista), centre de dialogue sur la mystique, réunissant des hommes de toutes confessions religieuses. Nous avons mesuré à quel point l’héritage de ces grands mystiques continue de faire naître des initiatives répondant aux défis de notre monde, notamment dans le domaine du dialogue interreligieux. 

   Ce fut aussi l’occasion de nous imprégner de la vie intellectuelle bouillonnante de l’époque. En effet, après Avila, nous avons rejoint Salamanque et sa fameuse université, où saint Jean de la Croix a étudié et où Fray Luis de Léon fut un professeur des plus éminents. Nous nous sommes ensuite rendus à Ségovie, autour du reliquaire de saint Jean de la Croix où nous avons eu la chance de pouvoir prendre un long moment de prière. L’une des dernières étapes de notre voyage était la ville de Tolède, une ville extrêmement bien préservée, où nous avons pu visiter la cathédrale et contempler la richesse des productions artistiques et architecturelles héritées du Siècle d’Or espagnol. 

   Au cours de ce voyage, les étudiants étaient largement mis à contribution. En effet, tous étaient invités à s’impliquer dans un travail de recherche et de présentation sur différents thèmes, liés aux différentes étapes du voyage. Les quelques formateurs et enseignants présents étaient amenés à intervenir eux-aussi, à l’occasion de temps de formation et d’enseignement sur des sujets propres à leur domaine d’expertise.  

   Se rendre sur les lieux où des saints ont vécu, prié, souffert..., étudier leur itinéraire de vie et marcher sur leurs traces, cela fait entrer peu à peu dans l’intimité de leur quotidien. Cela donne à leurs écrits une portée nouvelle. Tel était en effet la motivation des participants du voyage d’étude en Espagne : entrer dans une meilleure compréhension des saints du siècle d’or espagnol, et faire de saint François-Xavier, de saint Ignace, de sainte Thérèse et de saint Jean de la Croix des amis, des frères et sœurs dans la foi, des compagnons dans la marche vers la sainteté. 

Valentin Fabre